lundi 30 novembre 2020

Final premier – D’après foto 1. À Fideline Hayure.


Les Nouveaux Chants du Mabinogi
 de Christian-Edziré Déquesnes  
PREMIERE SAISON
parue en feuilleton dans les numéros 32 à 39 de la revue Le Jardin ouvrier, mars 2002 à décembre 2003 et par la suite presque tous les poémes repris dans l'anthologie parue, en 2008, chez Flammarion Le Jardin ouvrier 1995-2003 d'Ivar Ch'Vavar & camarades.
PREMIERE SAISON
parue en feuilleton dans les numéros 32 à 39 de la revue
Le Jardin ouvrier, mars 2002 à décembre 200      
                                                                             
Je tiens à m’expliquer sur l’ensemble des notes à la suite des Chants. Elles viennent directement en « illustrations », nous dirons complèmentaires, du Chant 27 qui s’adressent aux Khonorins mais aussi elles valent pour tout l’ouvrage. Moi-même, je suis, un Khonorins et j’ai beaucoup découvert, appris en composant ce livre. Nous sommes tous des Khonorins car nul ne peut prétendre tout connaître mais ce n’est pas grave si humblement nous savons le reconnaître. Par contre il est particulièrement fâcheux si à l’inverse on adopte la posture de celle ou celui qui saurait tout et qu’il n’y aurait plus rien à apprendre... Pourtant des cas de figures de ce type, dans tous les domaines, nous en croisons de plus en plus souvent.
Certains à la lecture de certaines notes penserons qu’il y a moquerie, loin de moi cette idée car il s’agit juste, avec humour parfois je le reconnais, d’offrir de permettre à certains lecteurs une seconde lecture de ce livre ou juste de certains passages, à eux d’en décider.  
              

Final premier – D’après foto 1

 

« …Ech preume avi:ache, por mi. I étot chti dech déssévrache.

J’a vizé ch’d¨bout edvaint ch’keminchint.

Ell absinche qu’ale varot… 

…in-n àrwétache d’amoer doreu, chaù."                                                                                  

                                Déssaqué ed cheule lète à Picardia.

 

À Fideline Hayure.

Traduit en picard bercquois avec l’aide Ivar Ch’Vavar.

 

Ch’t’ènne nuit qu’a s’éfreunme su ché’p plaje ed Bércq.

E’c crèpe ed chés neu.ache ale é trous.

Ch’ét’p pied de’m mér.

Fideline Hayure étanpie din ’n’ longhe bache

Qu’ech sabe insatchè d’ioe marine i n’ peut point ‘d dijéré.

Juss laù, point gramint épavoedabes, ed’z émioelètes.

Ech lu i bache, bayant coére in molét d’tenp pi d’éspache

À l’onpe ed ché’j jonne fènme

Ed l’ioe, du sabe, du ciel, du solé,

A’s s’ingarne din ch’touyache ed couleurs

Débalache d’àrfléts aquouatiques, célèsses pi minérals,

Ch’vint i foét virolé ës’ longhe cavlure catènnhe.

In cach’col bleu a sin co,

A’s sàre sés thiots poins fort din lé poches dë s’cazaque in cuir marron

Qu’a ll’aù raboutonnèe d’in baù squ’in hoet.

I n’foét mie si coed qu’chaù.

Sin cotron noér mi-couiche, chés baù-colants foncés qu’i li sont                                          

                                                                                                          / assoertis,

Dés longhës grosse coechètes grises

Qu’i àrtchè’t’ in fronches sàrèes su l’hoet dë zz’égvilhes

Pi chés groùs souyés rouches, tout ye:iches,

I fin’t ed bayé à ch’b bieule

Ènn oera tout gris, inmourabe.

 

Point à-rien i n’peut ll’àrtënir. 

Dés mioeles i lù-invol’t’, in grichon i m’travérse touzoute.

Fideline a’p passe ed l’oete cotè.

La-baù.

Pu loin, ch’et laù qu’a’ vaù.

 

Innsécanmint pu tard –

Ivar Ch’vavar, su ch’mur d-ou qu’chés licé.ins d’Bercq

I lù-z assi’t’ pour atènne ech bus,

I àrlève su chés piéres chés nouvioes grafitis :

- Jessica, pute des hangars.

- Mon amour,

Je ferai couler ton sang

Là où tu as fait couler mes larmes.
- Blouson beige je t’aime.

(Proùbabe eque ché’f fihle qu’ale aù écrit chaù, a n’connoé pon coére el nom dech fiu)

D’après photo 1.

Version originale et française.

C’est une nuit qui s’ouvre sur la plage de Bércq.

La crête des nuages est rousse.

C’est marée basse.

Fideline Hayure droite dans une longue flaque

Que le sable gorgé d’eau marine ne peut digérer.

Proches, guère effarouchées, des mouettes.

La lumière s’amenuise offrant encore un peu de temps, d’espace

À l’ombre de la jeune femme.

De l’eau, du sable, du ciel, du soleil,

Elle glisse dans les couleurs mêlées.

Débauche de reflets aquatiques, céleste et minéraux,

Le vent fait tournoyer ses longs cheveux châtains.

Une écharpe bleue autour du cou,

Elle serre fort ses petits poings au fond des poches de sa veste de cuir

                                                                                                             / marron

Qu’elle a boutonnée de bas en haut.

Il ne fait pas très chaud.

La jupe noire mi-cuisse, les collants sombres assortis,

De longues et épaisses chaussettes grises

Qui chutent en plis serrés sur les hauts des chevilles

Et les gros godillots roux, détrempés,

Achèvent de donner à la belle

Une aura grise et définitive.

 

Rien ne peut la retenir.

Un envol de mouettes, un frisson me traverse de part en part.

Fideline passe de l’autre côté.

Là-bas.

Plus loin, c’est là qu’elle va.

 

Beaucoup plus tard

Ivar Ch’Vavar, à l’endroit où les lycéens s’assoient pour attendre

                                                                                                               / le bus,

Relève sur le muret du phare les derniers graffitis

-Jessica, pute des hangars.

- Mon amour,

Je ferai couler ton sang

Comme tu as fait couler mes larmes.

- Blouson beige je t’aime.

(Il est probable que la fille qui a écrit cela, nee connait pas encore le nom du garçon.)

 

Note : 

Fideline Hayure : Personnage Picard d’amante virtuelle qui apparait pour la première fois dans le livre paru, en 1999, aux éditions la Station Underground d'Emerveillements Littéraires : Les Lettres de la nuit de Christian-Edziré Déquesnes.