vendredi 29 janvier 2021

Chant vingt septiéme - Cantroùli por ech'l abluhite edzeur chés Khonorins quantt ech dhiape i'llàrot dit. Chant sacré pour qu'advienne la révélation lumineuse sur ceux qui n'ont plus la connaissance.



Les Nouveaux Chants du Mabinogi
- Quatrième saison saison, les contes & autres textes -
 de Christian-Edziré Déquesnes.
                                    
Je tiens à m’expliquer sur l’ensemble des notes à la suite des Chants. Elles viennent directement en « illustrations », nous dirons complèmentaires, du Chant 27 qui s’adressent aux Khonorins mais aussi elles valent pour tout l’ouvrage. Moi-même, je suis, un Khonorins et j’ai beaucoup découvert, appris en composant ce livre. Nous sommes tous des Khonorins car nul ne peut prétendre tout connaître mais ce n’est pas grave si humblement nous savons le reconnaître. Par contre il est particulièrement fâcheux si à l’inverse on adopte la posture de celle ou celui qui saurait tout et qu’il n’y aurait plus rien à apprendre... Pourtant des cas de figures de ce type, dans tous les domaines, nous en croisons de plus en plus souvent.
Certains à la lecture de certaines notes penserons qu’il y a moquerie, loin de moi cette idée car il s’agit juste, avec humour parfois je le reconnais, d’offrir de permettre à certains lecteurs une seconde lecture de ce livre ou juste de certains passages, à eux d’en décider.
 

Chant vingt septièmeCantroùli por ech’l abluhite edzeur chés Khonorins quantt ech dhiape i’llàrot dit.             Chant sacré pour qu’advienne la révélation lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.

Ecardes dech douckdouck in fàrnazie ed chés pènas à ch’clor,… / abluhites dech’l époutreu ech’l ébardleu Dzyhr) / à mi qu’os s’àrnonchèches, ej su Dzyhr Derwydd, ch’l émormleu ed chés seurtèys. / Ej su chl’àrck-Abranm dech ciu, ej su cheule croézèye d’chés thiots piéchintes dech débout. / Coére, étou ej su ch’ pati bleux, màrouleusemint frèche pi yeu.iche, ch’ pati bleuw màrouleusemint tout déployèy / Eque pon in trézawis’mint i n’ pùt së nnin rafarder. / Ej su Ayayayaya, chl’àirignie d’cheule saprèye pétchèye ed chés Khonorins, / Ej su chl’épavoedèy pi innarsè nhiàr ed chés Khonorins. / Adon laù, ch’ét cheule nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle ; /Tàrtous’ dévalé chi din chés papàrs inplokèys, / Vius pàrchonnhiéys écàrvintreus, qu’os s’àrnonchèches a mi, ej su chl’émormleu-époetreu ed chés seurtèys, Dzyhr Derwydd. / Takavir ! Chés nsékos qu’ nozoete tertous in-hui àrcordons, i soutcho’të djaù, / Edvint ch’étot l’ déflipotage : ech douckdouck m’infutaint din sin écoulmint, ej démucho qui étot àrnouvlainche. / Ech douckdouck, kminchmint dech poepraje su kminchèy, éto ch’ti del nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle ; / Ej’ déssake, j’àrtrét un nséko débotchaint dech coranjhe del nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle ; / Trézawizant insin, jë l’ sé bin, qu’ej déssake cheule voésse del nworte càrchéle. / Oh, chi qu’mi, ej m’edvise mâl, eque chl’apréche ed cheule foete qu’ale peuche néthié m’foete à-fét. / Du moùmint qu’cheule foete ch’étt à-coese eque mizoete ej sutt un Khonorins, bin ch’étant qu’cheule foete ale néthiche em’ foete pour chaùqu’ale aù du neu. / Chés vius crateus, oetjours ingravèys, dépieul’të coére l’ nake- - / Vné chi-laù, vius pàrchonnièys écarvintreus… / …Ej su parélh à ch’solél dell àrnouvlainche ! / T :éte ed cocriaco dell àrnouvlainche din l’douckdouck, noér agaÿante écolaje é-pi ‘rwète min wal-braù muché edpa drière ed tinn ëdzir. / Cheule souvenanche, à coese équ’ale ét toudi laù, ale ét l’ coese ed tous noùs bérluzries à mi, à li pi à coére ti. / Chl’apréche del bérluzrie, nozoetes-târtous’ ale foèt berloké. / Ch’étt insin ! / Quaintt à pu rin buzié edpa chl’ éblérâjhe. / Vlaù qu’ cheule nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle / Foét poùrtréture su l’ corte de mn’ arainghe… / (é-pi cheule nworte gàrbourioeuse càrchéle n’ét pon si agaÿante eque chau !) / …Epi mi ëj l’ cante Ayayayaya ! Chl’ àirignie… por echl’ abluhite edzeur chés Khonorins quantt ech dhiape i ll’ arot dit.

 

Traduction française de la version originale picarde de ce chant sacré.

Chant sacré pour qu’advienne la révélation lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.

Eclats du frénétique battement du cœur des ailes au crépuscule,…

[éclats lumineux du fouleur, l’écraseur Désiré]

…abandonnez vous à moi, je suis Désiré Voyant-du-chêne,                                                        l’écrabouilleur des certitudes.

Je suis l’arc-d’Abraham, je suis la croisé des p’tits chemin au final.

Encore, je suis aussi la pâture bleue, amoureusement fraîche et humide, la pâture bleue amoureusement toute dépliée dont aucun clair entendement par ruse ne peut détourner.

Je suis Ayayayaya, l’araignée de l’équipe sacrée de ceux qui n’ont plus                                 la connaissance.

Je suis le loufoque enflammé nouveau-né pleurnichard de ceux qui n’ont plus la connaissance.

Donc, là, c’est l’effrayante et ensorceuleuse crécelle noire ;

Tous, ici, descendez dans l’image contaminée d’un enfant vue dans l’œil d’un autre, vieux éventreurs complices de meurtres,

Abandonnez-vous à moi, je suis l’écrabouilleur-écraseur des certitudes, Désiré Voyant-du-chêne.

Stupèfiant ! Ce que nous apprenons aujourd’hui existait déjà auparavant le fil se déroulait : le battement

me glissant dans son flux, je découvris qu’il était mutation –

le battement, origine du langage à l’origine, était celui de l’effrayante crécelle noire ;

j’énonce, exprime quelque chose survenant de l’esprit de l’effrayante et ensorceleuse crécelle noire ;

entendant clairement par là : je le sais bien que j’énonce la voix de la crécelle noire.

Oh, si moi, je m’exprime mal, que l’ardeur de la faute suffise à excuser ma faute.

Si la faute c’est parce que je suis de ceux qui n’ont plus la connaissance alors qu’à moi la faute s’excuse puisqu’elle anticipe !

Les vieux couteaux, autrefois enterrés, découpent encore l’institution.

Venez ici, vieux éventeurs complices de meurtres !

Tête de coq de la mutation dans le battement, effrayant noir enseignement fantastique puis vois mon bras d’honneur caché dans le dos de ton désir.

Les souvenirs, parce qu’ils sont toujours présents, sont la raison de mes futes, des siennes et des tiennes aussi. L’ardeur de ta faute, nous autres tous, nous fait tituber. C’est ainsi !

Quand à l’oubli, impossible !... – la faute, elle est offerte par l’inattention.       

 Voilà que l’effrayante et ensorceuleuse crécelle noire prend forme sur la corde de mon discours...                                                                                                              

[puis l’ensorceleuse crécelle noire n’est pas si effrayante que cela !]

…et moi je la chante Ayayayay ! l’araignée… pour qu’advienne la révélation lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.

 

Par Désiré Voyant-du-chêne/Edzyr Derwydd et dans l’espoir d’exorciser la malédiction « Bienvenue chez les chtis ». Ce chant est une ludique tentative d’adaptation cocasse, très personnelle, en picard chamanique d’un extrait de « LA VOIX DES KARAW » ; spécialistes d’une pratique complexe où se mêlent le symbole & la voix. « Les KARAW (singulier : KARA) sont des maîtres initiatiques de la secte Kore des Bamanas […], dernière d’une série de six sociétés secrétes dont les membres accomplissent une sorte d’union mystique avec l’être divin » (Judith Gleason).

Pour un éclairages supplémentaires, consultez la formidable anthologie de Jerome Rothenberg : Les Techniciens du sacré. (version française établie par Yves di Manno) et paru aux éditions José Corti.

 

Note :

Ayayaya, L’araignée : Ici, il faut voir un clin d’œil à la chanson étendard de La Grande Picardie Mentale : Canchon dech l’airignie [Chanson de l’araignée] composée par Konrad Schmitt au début des années soixante-dix et qui a été durant la fin des années reprises et adaptées par le groupe de blues expérimental picard : Chés Déssaquaches. [Les Extractions).

dimanche 24 janvier 2021

Chant vingt-sixiéme – duska pu d’huit-chint mètes dë m’màzon


Les Nouveaux Chants du Mabinogi
- Quatrième saison saison, les contes & autres textes -
 de Christian-Edziré Déquesnes.
                                                     
Je tiens à m’expliquer sur l’ensemble des notes à la suite des Chants. Elles viennent directement en « illustrations », nous dirons complèmentaires, du Chant 27 qui s’adressent aux Khonorins mais aussi elles valent pour tout l’ouvrage. Moi-même, je suis, un Khonorins et j’ai beaucoup découvert, appris en composant ce livre. Nous sommes tous des Khonorins car nul ne peut prétendre tout connaître mais ce n’est pas grave si humblement nous savons le reconnaître. Par contre il est particulièrement fâcheux si à l’inverse on adopte la posture de celle ou celui qui saurait tout et qu’il n’y aurait plus rien à apprendre... Pourtant des cas de figures de ce type, dans tous les domaines, nous en croisons de plus en plus souvent.
Certains à la lecture de certaines notes penserons qu’il y a moquerie, loin de moi cette idée car il s’agit juste, avec humour parfois je le reconnais, d’offrir de permettre à certains lecteurs une seconde lecture de ce livre ou juste de certains passages, à eux d’en décider
 

Chant vingt-sixiéme – duska pu d’huit-chint mètes dë m’màzon 

         Pon core chincante-quate aprézeuts pi jikèy in hoet d’un médicamintal mont d’férales é-pi d’béton, j’èy idèe qu’ch’ét mi qu’j’évacu pair min cu tout ch’brin à zz’oetes, à tous chés jins. MIE CRUYÂBE ! Chele fènme, el famile, chés caùmarades d’ovrache – pon pàrsonne i n’sanne prinde tout l’long pi l’larghe dech qu’i arive : eque j’èy un conjé « thérapeutique » pi por un sécant mos ! Més deux mins neu.èyes dri:ére em’ cawete, cha n’ét pu alintor ed mizoete eque j’àrwète, mé din ch’noir puch d-u qu’més pores neurones i vion’t’ é-pi bzin’t’. Ech vrèpe-chi,, jikèy in hoet d’min médicamintal mont d’férales pi d’béton, chin qu’ej veu, ch’ét wardé greu, pi saké ddin duska qu’j’éche mé in t:ére ech long leuwate cadabe dë m’vie.                                                                           

          Tant-pire por chés «dégâts collatéraux», conme dis’të din ch’poste, eque pétète i ny’airaù : pace qu’i foet qu’mizoete ej foiche récapé ARTH, ech graind ro qu’i ét racouvtèy din mi. Ch’étant, ej mét in t:ére ech cadabe, granne caronnhe, au piè dech mont tout pouant qu’i monte duska pu d’huit-chint mètes, por li s’apoéyé conte chés murs dë màzon.

          J’airo peu coujir ech balache, ou-bin core chele chinm’tiére el long dech canal, ou core chele voyète intre ech’l église pi chele voie-férèye, mè jë zz’èy ed tro kér chéz indrots-laù… Oz i démuche tout ch’qu’o veut, à condicion dë n’pon caché à-rien d’é-spécial… Adonc, cha n’srot nin bioe d’alé zz’inpouté ack ech cadabe d’ènne vie.

          Jonnome, j’avo vrèmint kèr corir in short duska ch’balache, pon foke por àrwét:é broulé chés grands fus qu’i pouo’t’ la rache pi àcouté à zius freumèys, oeréles granne-ouvértes, chéz émioelètes qu’i lù chapayo’t’… Inhui i n’y’aù pu d’fus mé dz’inchinérateurs gayants, pi zz’émioelètes étou i sontt in vo. M écha inpoute toudi pairél, core puke, mènme ! Pi o peut core, quand qu’o fét ch’tour in ravizant bin tout-pairtout, démuché dés nsèquos. Quand qu’j’èy détoepèy ènne nsèquo conme chaù, ej fé toudi l’mènme cose, ènne soerte ed ritu.él… Jë m’rafule bin més caveus conme si qu’j’alo à la file, ej rake din més mins pi jë m’frote min ravizoir un boin coep, pi la-dzeur ej répète tro fos :

« I n’airont nin m’pio ! Pi un d’chés quate i vont vir tàrtous’ ! »

« I n’airont nin m’pio ! Pi un d’chés quate i vont vir tàrtous’ ! »

« I n’airont nin m’pio ! Pi un d’chés quate i vont vir tàrtous’ ! »

          In véritèy, méte in t:ére ech long leuwate cadabe dë m’vie, ch’t’ènne vérzinke qu’ale toerne in mi edpu lonmint, toerne su li-mènme. Ech quèche-quo-kmint delle afoére dech cadabe-laù, ej n’é mie l’tenp dë l’raconté, sains conpté qu’au bout cha n’arainjrot rin. O n’peut mie pàrde es’n éxistinche por un cadabe ed vie. Nin ! Jë n’veu pon pàrde em’n éxistinche por énne nsèquo insin, foke pace eque j’èy fringalé dzeur ènne istoire d’anmoir ej m’in va lùz àrfére lù rétoir à euzoetes, ej m’in va rinbuké din tous lés sins duska qu’ech pé:izache qu’i soiche canjèy, attindé !

         Je l’sé bin qu’déssaké m’gozète pi més balosses toutt in m’àrtornant por lù moutré min cu , cha n’sàrvirot pon a rin – Ch’qu’i forot aroyé ch’ét chele GRANNE DETOULE, ell ESPLOZION, ech BONBARDËMINT, chl’éfonde qu’a s’éclikraù tout-d’flouck conme unn àrtour ed divizions Panzer ! I peu’të prépairé lus cairètes por leuz in-d-alé drot dvaint euzoetes su l’coechie, vu qu’i ont fini pair kité àrkëmonché à neu, à lùz uches pi din lùs péres écrans plasmaù d’TV ech leuwairou fachisse !

          Achteure, por néthié toute, qu’i lanch’t’ énne bonbe atonmike, os nn’ons pon rinn à fére qu’ale soiche amérikènne, russe, frainchoèse ou nord-coré.ènne ! Qu’i lùz ésplos’t’ eus-mènmes, ed tou sins l’T:ére ale n’ét pu foke ènne granne gayole d-u qu’tout l’monne é-pi s’fènme i lù mil’t’ë  l’in-l’oete…

          Ej mét in t:ére ech cadabe dë m’vie au pié d’un sé:u, in baù d’un médicamintal mont d’férales pi d’béton. Pi j’àrgrinpe dzeur fameu mont qui inpoute el rache, ch’ét m’po.ézie d’bérnatié qu’ale l’a fét, à-forche eque j’évacu pair min cu ch’brin dezz oetes. Mé laù ch’ét fini ! i kiront chakin lù crote !

In arwettiant chl’huis dech Opital publick ed Sintt-Amand-à-z-ios, le 25.11.2009, inn àcoutant chès volumes 1,2,3 ed « The Little RED BOX of protest songs acaté in séquant ed joers avaint à Cardiff.


Traduction française de la version originale picarde.

 

Jusqu’à plus de huit cents mètres de chez moi   

          Je n’ai même pas cinquante-quatre automnes et perché au faîte d’un médicamental tas de feraille et de béton, il me semble que j’évacue par le cul toute la merde des autres, de tous les autres. SENSATIONNEL ! L’épouse, la famille, les collègues de travail – personne ne paraît prendre toute la mesure de l’événement : j’ai obtenu un congé thérapeutique, et pour plusieurs mois ! Les mains nouées derrière la nuque, je regarde non plus autour de moi, mais dans le noir puits où mes pauvres neurones tournent et giclent. Ce soir, perché au faîte de mon médicamental tas de ferraille et de béton, ce que je désire : ne pas lâcher prise, et travailler à corps perdu pour enterrer le long lugubre cadavre de ma vie.

Tant pis pour les « dégâts collatéraux », comme ils disent à la radio, oui, il risque d’y en avoir, mais tant pis : parce que, mézigue, il faut que je sauve ARTH, le grand roi qui est caché en moi. Et donc, j’enterre le cadavre, grande charogne, au pied du tas puant qui monte jusqu’à plus de huit-cents mètres pour s’adosser au mur de chez moi.

J’aurais pu choisir la décharge publique, ou bien le cimetière le long du canal, ou encore l’allée entre l’église et la voie ferrée, mais je les aime trop, ces endroits... On y trouve tout ce qu’on veut, à condition de n’y rien chercher… En conséquence, ce ne serait pas bien de les empuantir avec le cadavre d’une vie.

Adolescent, j’aimais beaucoup courir en short jusqu’à la décharge, pas seulement pour regarder brûler les grands feux qui puaient atrocement et écouter les yeux fermés, les oreilles grandes ouvertes, se chamailler les mouettes… Aujourd’hui, il n’y a plus de feux, mais des incinérateurs géants, et les mouettes également ont disparu. Mais ça empeste toujours autant, et même d’avantage ! Et on peut toujours, quand on fait le tour en regardant attentivement partout, faire des trouvailles. Face à une trouvaille, je fais toujours la même chose, c’est une sorte de rituel… Je me recoiffe comme pour un rendez-vous amoureux, je crache dans mes mains et je me frotte un bon coup le visage, et enfin je me répète trois fois :

« Ils n’auront pas ma peau ! Et un de ces quatre, tous, là, ils vont bien voir ! »

« Ils n’auront pas ma peau ! Et un de ces quatre, tous, là, ils vont bien voir ! »

« Ils n’auront pas ma peau ! Et un de ces quatre, tous, là, ils vont bien voir ! »

En vérité, enterrer le long lugubre cadavre de ma vie, c’est un désir qui tourne en moi depuis longtemps, tourne sur lui-même. Le qui-que-quoi de cette affaire de cadavre, je n’ai guère le temps de le raconter, sans compter qu’en définitive ça n’arrangerait rien. On ne peut pas perdre son existence pour un cadavre de vie. Non ! Je ne veux pas perdre mon existence pour une chose pareille, juste parce que j’ai dérapé sur une histoire d’amour – qui plus est, une histoire d’amour sans amour ! OK, avec cet amour-là je m’en vais leur refaire le portrait, à eux tous, je vais donner des coups de tête dans tous les sens jusqu’à ce que le paysage en soit changé, attendez voir !

Je le sais bien, que déballer mes parties génitales tout en me retournant pour leur montrer mon cul, ça ne servirait à rien de rien. – Ce qu’il faudrait, c’est lancer la GRANDE BATAILLE, l’EXPLOXION, le BOMBARDEMENT, le cataclysme qui déclenchera subitement comme un retour des Panzer divisions ! Ils peuvent préparer leurs carrioles pour partir droit devant eux sur la route, puisqu’ils ont fini par laisser se réactualiser à leurs portes et dans leurs grands écrans TV plasma le loup-garou fasciste !

Maintenant, pour nettoyer tout ça, qu’ils lancent une bombe atomique, nous n’en avons rien à faire qu’elle soit américaine, française ou nord-coréenne ! Qu’ils se fassent exploser, de toute façon la Terre n’est plus qu’une vaste prison où tout le monde surveille tout le monde…

J’enterre le cadavre de ma vie au pied d’un sureau, en bas d’un médicamental tas de feraille et de béton. Puis je grimpe sur ce fameux tas qui pue atrocement, c’est ma poésie de vidangeur qui l’a fait, depuis que j’évacue par mon cul la merde des autres. Mais, voilà, c’est fini ! Maintenant ils chieront chacun sa crotte !

 

En regardant la porte de l’hôpital public de Saint Amand-les-Eaux,  le 25.11.2009 et tout en écoutant les volumes 1,2.3 de « The Little RED BOX of protest songs acheté quelques jours auparavant à Cardiff.


Notes :

Arth : En gallois signifie l’ours.

The Little Red Box : Il s’agit d’un petit coffret rouge de trois disques cd qui rassemblent une collection de soixante chansons et blues traditionnels, révolutionnaires et contestataires, paru en 2009 sur le label : Proper. 

samedi 23 janvier 2021

Chant vingt cinquiéme – 56 balennhes éque vlaù pou Chalhe Mingus / 56 baleines que voilà pour Charles Mingus - Illustration musicale : 'Evil Blues' & 'Self Portrait in Three C...', du film 'Shadows' de John Cassavetes, de Charles Mingus.

 
Les Nouveaux Chants du Mabinogi
- Quatrième saison saison, les contes & autres textes -
 de Christian-Edziré Déquesnes.
                                                     
Je tiens à m’expliquer sur l’ensemble des notes à la suite des Chants. Elles viennent directement en « illustrations », nous dirons complèmentaires, du Chant 27 qui s’adressent aux Khonorins mais aussi elles valent pour tout l’ouvrage. Moi-même, je suis, un Khonorins et j’ai beaucoup découvert, appris en composant ce livre. Nous sommes tous des Khonorins car nul ne peut prétendre tout connaître mais ce n’est pas grave si humblement nous savons le reconnaître. Par contre il est particulièrement fâcheux si à l’inverse on adopte la posture de celle ou celui qui saurait tout et qu’il n’y aurait plus rien à apprendre... Pourtant des cas de figures de ce type, dans tous les domaines, nous en croisons de plus en plus souvent.
Certains à la lecture de certaines notes penserons qu’il y a moquerie, loin de moi cette idée car il s’agit juste, avec humour parfois je le reconnais, d’offrir de permettre à certains lecteurs une seconde lecture de ce livre ou juste de certains passages, à eux d’en décider
 
 
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Chant vingt cinquiéme – 56 balennhes éque vlaù pou Chalhe Mingus / 56 baleines que voilà pour Charles Mingus.

1.      Chele vrée vie, ch’ét tout rindé-vous, n’y aù mie d’hazard ! Insin, os sommes ech chonck janvié mile-neu-chint-soéchante- / Dis’-neuf. Pi chinchante-sis balènnhes i vièntë lùz échoé / Dzeur ènne plaje dech Méxike pour :éles dévié, pi justëmint / Ch’jour-laù à Cuernavaca, ajèy d’chinkante-siz ans, Chalhe / Mingus i meurt. Muzicièn d’jazz, contërbassisse génial, ch’étoét / Li, l’onme ed « Moins qu’un tchièn » - ed « Moins qu’un tchièn ».

La vraie vie n’est pas que rendez-vous, pas de hasard ! / Comme en ce 05 janvier 1979 / Quand cinquante six baleines viennent s’échouer / Pour agonir sur une plage du Mexique / Et le même jour, à Cuernavaca, meurt Charles Mingus / Compositeur de jazz et contrebassiste de génie. / Il était l’homme du « Moins qu’un chien » - du " Moins qu’un chien " 

 

2.Ch’t’à Nogales, Arizona, vil ed soddats jusse à cotèy / Dech Méxike qu’ech vint’deus d’avril mil-neu-chint-vint’ deus / I ét nèy. Quantt ës’ mére Harriet Sophia qu’ale étoét d’inje / Chinoèse, el vlaù moùrue – ch’ preunme dérachmint – li i / N’aù fos qu’sis moés. Din chele banliùe ed Los Angeles, / À Watts , d-u qu’chele famile ale s’avoét àrjiblèye, ack Grace pi / Vivian, sés deux seurs, i s’àrtreuve tout seu ack ech pére.

À Nogales, ville-garnison à la frontière du Mexique, / En Arizona, le 22 avril 1922 / Naissance de Charles Mingus, Quand Harriett Sophia, / Sa mère d’origine chinoise, meurt – premier morcellement - / Il est âgé de 6 mois. Dans la banlieue de Los Angeles, / À Watts où la famille s’est installée, avec Grace et vivant, / Ses deux sœurs, il se retrouve seul avec son père.

 

3.Ech pére, Sergeant Charles Mingus, i n’ét mie ed long à s’àrmairié / Mamie Carson, ènne mitan d’Indhiènne, qu’ale avoét djaù / Un fiu, ch’ét :éle qu’ale élève tout l’nichtèye, din chés d-alaches / (Os savez quoè) d’ènne banliùe rézidinciéle qu’ale s’échuche, / Qu’ale viènt un ghetto noér froùmionnant d’monne ; ch’ét laù / Qu’thioùt Chalhe y’ éspériminte ës’ condicion d’nèghe, point ézèy / Inn Amérike, à malèse eque li coére in puck i ét métis’.

Le paternel, Sergeant Charles Mingus, se remarie bientôt. / Mamie Carson moitié indienne, déjà mère / D’un garçon, fait pousser la marmaille dans la dérive banale / D’une banlieue résidentielle qui peu à peu se transforme / En ghetto noir surpeuplé ; c’est là qu’expérimente le p’tit Charles / Sa condition d’homme de couleur, ce qui – in U.S.A – n’est jamais simple / Et encore moins en ce qui le concerne lui le métisse.

 

4.À chake coep qu’i s’àrwète din ch’miloé i së dmanne / « Tchèche qu’ej su ? ». Dzeur sin ravizoér i l’voét bièn / Ch’qu’i n’y aü d’afritchin, d’méxitchin, d’aziatike / E-pi mènme un thioùt cose ed chès Blancs : blagj’tèy vnue / D’ènne istoére eque sin pére i avoét tchér ell àrdire / Qu’un d’lius tatayons néghes, bélon, din chés Carolènnhes… / Sié, unn anmoér muchèy ack ènne blonne Su.édoèse.

Chaque fois qu’il se regarde dans le miroir, il s’interroge / « Qu’est-ce que je suis ? ». Sur la face de son visage, / Il discerne des traits de l’Indien, de l’Africain, du Mexicain, / De l’Asiatique et aussi même une certaine part du blanc : / Pâleur en provenance d’une histoire dont se vante son père / Au sujet d’un amour clandestin, en Caroline du Nord, / Entre un esclave noir et une jeune suédoise diaphane.

 

5.Chalhe i airoét volu :éte yon ou bin l’oete : mé i ét d’tout – Ch’étant i n’ét d’àrien, ën’ rache, n’poé :i, n’ drapioew / Pi coére puck, din ch’ghetto de Watts, point d’caùmarate. / Tous zz’oetes galmites i voè’të lés coses sans conplikes : / « T’né mènme point ntit treudutchu ed nèghes noér ti ! » / Qu’i li rak’t’. Edjaù « Moins qu’un tchièn ». Chin qu’i aù tchèr / Ch’ét quand qu’ Mamie Carson alle l’inmènne à l’Holiness Church.

Charles désire être, l’un ou l’autre, mais il est un peu tout / Et vraiment de RIEN, sans race, sans pays, sans drapeau / Et surtout, dans le ghetto de Watts, sans ami. / Tous les autres gamins ont une vision plus simple des choses : / « Tu n’es même pas un p’tit bouseux de nègres noirs » / Lui crachent-ils à la face ; - Déjà « Moins qu’un chien » ! / Il aime quand Mamie Carson l’emmène à la Holiness Church.

 

6.Laù o n n’dit mie qu’chele muzike ch’t’ènne invincion dech dhiabe, / À l’Holiness Church. Pi chin qu’o cante laù qu’o ju laù / Cha bise tout seu – cha s’sake ack l’émocion, ch’ét tout / Epréssivitèy din ll’inprovizacion… Ech tcheur ed jins / Din s’foùlie i ét rincorchèy ed cinbales, trombones tout chaù… / Chalhe, li, à siz ans acteur i l’ sèy ed quoè qu’i juraù ! / Trombone. Sin pére i vù bin li poéyé sin preunme instrumint. 

  On ne considère pas la musique comme diabolique / À la Holiness Church. Ce que l’on y chante et joue / Est spontanée : ça roule sur l’émotion, l’expressivité, / L’improvisation… La sauvagerie des chœurs est renforcé / Par l’apport de cymbales, trombones… Charles va avoir six ans. / Il le sait désormais et le veux : Il jouera du trombone ! / Son père accepte de lui offrir son premier instrument.

 

7 Ed dis’neu-chint-vint’-huit’ à dis’neu-chint-trinte-deuw / Ch’étant, ech garchon Chalhe Mingus i aprind du trombone / Ed dis’-neu-chint-trinte-deuw à dis’-neu-chint-quarante / I s’mét au violoncelle i carfoule din lés sécrets d’chés cordes / Pi vlaù qu’i passe adonc à l’contërbasse – coutchèy su sn’ anke / Point vréy qu’echl instrumint-la o diroét’n balènnhe ? Chalhe / I prind dz’erchons d’piano, mé chele muzike a l’prind li, toutt inthié.

De 1928 à 1932 / Le jeune Charles Mingus étudie le trombone. / De 1932 à 1940 / Il se met au violoncelle, fouille le secret des cordes / Et passe surtout à l’apprentissage de la contrebasse / - Posée sur le flanc, cet instrument ressemble à une baleine ! - / Il prend des cours de piano. La musiquel’habite et l’habille.

 

8.Dix neu-chint-quarante, preume ingajmint… I a. oui / Charlie Parker… I inrëjisse sou l’nom ed Baron Mingus… Conter / Bassisse din ll’orkèsse Lionel Hampton… I foét deus diskes à li / Pi tchét din ch’noér saclét… Apré chaù i euve a l’ Poste (conme Bukowski)… / I ju din ch’tri :o Red Norvo… I étanpit ch’labèl Début… Y’écrit « Moins qu’un / Tchièn »… é-pi l’ vlaù « l’inclassable balènnhe sacrèye » dech Jazz

1940, premier engagement professionnel… / Il découvre Charlie Parker… enregistre sous le nom de Baron Mingus… / …Contrebassiste dans l’orchestre de Lionel Hampton… Il déprime / Après avoir enregistré deux disques sous son nom ; / Comme… - un autre Charles ! - …Bukowski, il trouve un emploi dans les postes… / Devient membre du trio Red Norvo… Fonde le label Début… / Ecrit « MOINS QU’UN CHIEN »… devient « l’inclassable baleine sacrée » du Jazz.

 

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En d’autres termes, il y a trois hommes en moi. L’un deux occupe le milieu : Indifférent, impassible, il observe, il attend que les deux autres le laissent s’exprimer et leur dire ce qu’il voit. Le deuxième est comme un animal apeuré qui attaque de crainte d’être attaqué. Et puis il y a un homme doux et aimant, trop aimant, qui laisse autrui pénétrer dans le saint des saints de son être, encaisse les insultes… et qui, lorsqu’il s’aperçoit qu’on l’a possédé, à envie de tuer et de détruire tout ce qui l’entoure, y compris lui-même […]

Ainsi commence  MOINS QU’UN CHIEN, le livre de Charles Mingus (1922-1979).

 

Pou l’dire oetërmint, vlaù : os sonmes troé din mizoete ; ch’ preunme ed chés troé, toudi i rèsse au miyù : froéd, trantchilhe, i àrbè, i atind quë zz’oetes i l’lèch’t’ poepré é-pi dire quoè qu’i voét. L’ti d’apré i ét conme ènne bète épavoedèye qu’ale atake, peur qu’o ll’atake : éle.    E-pi i ny’ aù un onme fort dou pi amiteu ed troù amiteu – i lèche tou’m monne rintré au pu anvant d’sin tcheur, p’i s’lèche atuire, é-pi toute… E-pi quand qu’i s’apàrchut qu’i ét d’lèke, y’aglave ed tout bérziyé, d’teué tou’m monne, lizoete avùck […]

Ch’ét conme qu’cha kminche MOINS QU’UN TCHIEN, ech live ed Chalhe Mingus (1922-1979).

Ecrit pair Christian Edziré Déquesnes,                                              ech 22 octobre 2009 à Sintt Amand-à-ios,                                            pi mé in picard pair Ivar Ch'Vavar.


Notes :  

Charles Mingus : Charles Mingus [1922 – 1979] est un contrebassiste, pianiste et compositeur américain de jazz. Il était aussi connu pour son engagement antiraciste. Il a apporté une contribution majeure au jazz. Sa musique est basée sur l’énergie du bebop et hard bop, aussi avec une forte influence du gospel. Il utilise aussi des éléments du Third Stream [genre musicale qui synthétise la musique classique et le jazz], au free jazz, du jazz de La Nouvelle Orléans, à la musique classique européenne ou parfois même traditionnelle du Mexique mais tout en créant une musique personnelle dans laquelle l’improvisation collective a une place extrêmement prépondérante. Charles Mingus composait ses parties de bases instrumentales en tenant compte des qualités de ses musiciens, ce qui le rapproche des méthodes d’écritures de partitions de Duke Ellington pour lequel il avait une profonde admiration.

Holiness Church : Signifie Eglise de la sainteté.

 

Ecrit pair Christian Edziré Déquesnes,                                              ech 22 octobre 2009 à Sintt Amand-à-ios,                                            pi mé in picard pair Ivar Ch'Vavar.

Charles Mingus par Jacques Cauda.