lundi 4 janvier 2021

Chant 24 - Ne me parlez plus des chti’gnols des hauts de France !


Les Nouveaux Chants du Mabinogi
- Troisiéme saison -
 de Christian-Edziré Déquesnes  
                                                                             
Je tiens à m’expliquer sur l’ensemble des notes à la suite des Chants. Elles viennent directement en « illustrations », nous dirons complèmentaires, du Chant 27 qui s’adressent aux Khonorins mais aussi elles valent pour tout l’ouvrage. Moi-même, je suis, un Khonorins et j’ai beaucoup découvert, appris en composant ce livre. Nous sommes tous des Khonorins car nul ne peut prétendre tout connaître mais ce n’est pas grave si humblement nous savons le reconnaître. Par contre il est particulièrement fâcheux si à l’inverse on adopte la posture de celle ou celui qui saurait tout et qu’il n’y aurait plus rien à apprendre... Pourtant des cas de figures de ce type, dans tous les domaines, nous en croisons de plus en plus souvent.
Certains à la lecture de certaines notes penserons qu’il y a moquerie, loin de moi cette idée car il s’agit juste, avec humour parfois je le reconnais, d’offrir de permettre à certains lecteurs une seconde lecture de ce livre ou juste de certains passages, à eux d’en décider.

 

Chant vingt-quatre – Ne me parlez plus des chti’gnols des hauts de France !

 

La Marie-Grouette est encore bien

Jeune pourtant elle a déjà revêtu

Le masque et le déguisement de

La modernité. Au coin de lèvres,

Dans un rictus satanique, elle fume

Le mégot de sa vie écartelée.

Les oursons, les poupées et les

Peluches s’entassent sur la chaise

De bois (vide) au milieu du

Jardin – inexorable et terrible absence – ANGELE.

De l’abbaye détruite par trop

De certitudes, il ne demeure que

La Tour – ABBATIALE – qui s’élance

Par-dessus les arbres d’ici

Comme une fusée statique, engorgée, enceinte

Des saisons passées, présentes et unies…

Jusqu’à la fin des fins…

Au moins dans quelques soucieuses, fidèles

Et humaines mémoires. Sur la place

Parfois la ducasse – où sont nos

Ducasses d’antan ? – puis la mort

En dents, en bouche un CRI

Muet et douloureux, un cheval de

Bois emporte l’enfant par-delà

La tristesse de nos temps ; l’

Autre cheval de bois à leurs côtés,

À leur gauche, à l’air

Vraiment trop idiot, saoul ? Peut-être

Bien qu’il s’enivre afin

De tenter d’échapper de

Son emprisonnement mais c’est une

Autre histoire… Dans une p’tite église

Galloise de pierres grises, on enterre

Quelqu’un ou quelque(s) chose(s)… des

Odeurs et des marques sur une

Peau de vie… des années de

Rudes labeurs d’homme… puis sur

Une plage des côtes de la

Mer du Nord… - AUDRESSELLES - …je cherche,

Tente de retrouver, l’image de

Ma grand-mère… – MADELEINE - …et de

Mon grand-père… - THEO - ; CELA au

Final n’est pas triste alors

Que je longe la mer qui

N’est pas encore tout à

Fait à marée haute. Plus tard

Je me retrouve dégueulant / dégueuloir, penché,

Agenouillé au bord de la cuvette

D’un w.c, dans une exécrable lumière

Artificielle, spasmodiant une surprenante prière… « Ne

Me parlez plus jamais des Chti’gnols ! » …

Un troupeau d’agneaux et de

Brebis venu d’une oubliées et

Froide lande galloise traverse en silence

La matière grise de mon cerveau…

Maintenant, voilà, décapitée et rôtie

La dinde des jours de fêtes

Prête à être découpée et engloutie

Par vos féroces désirs de viande.   

Je déteste ces appétits ; je préfère

La vieille machine agricole rouillée au

Fond de la grande cour d’

Une ferme qui témoigne de

L’homme Gayant qui commençait son ouvrage

Quotidien dans les p’tits matins… puis

Que les neiges reviennent tout recouvrir

Et le gel… que le gel

Brûle… tout… purifié… alors que bandant

Je vous regarde encore bien déterminé.

 

En vers arithmonymes de 6

Notes :

La Marie-Grouette : C’est une sorcière des eaux et des marais dans le Nord de la France. Elle est un exemple de croque-mitaine, personnage maléfique présenté aux enfants pour leur faire peur afin de marquer les interdits vis-à-vis de moments ou de lieux considérés comme dangereux.

Chti’noules : Mot inventé par l’auteur à partir de Ch’ti mi [qui en picard sert pour désigner de manière populaire les habitants du Nord/Pas-de-Calais] et de Capenoules [nom d’un groupe qui interprétaient des chansons en ch’it mi paillardes, grivoises et populistes fortement apprécier par les habitants du Nord/Pas-de-Calais mais qui a largement contribué à développer une image dégradante des petites gens du peuple de cette région.

La Tour Abbatiale : L’auteur fait ici référence à La Tour Abbatiale de Saint Amand-les-Eaux, à laquelle il est puissamment attaché. Cette tour abbatiale est un vestige remarquable de ce qu’il reste d’une abbaye qui fut fondée dès le siècle 7 par le Roi de France Dagobert 1er. La magnifique abbaye fût presque entièrement détruite à la révolution française mais La Tour Abbatiale a été épargnée. C’est aussi l’endroit où a été découvert en 1887 La Séquence [ou Cantilène] de Sainte Eulalie] composée vers 880, qui a longtemps été considéré comme le premier texte littéraire écrit dans une langue romane différenciée du latin et donc on peut dire que c’est du proto-picard.

Audresselles : Village côtier de la côte d’Opale situé au bord de La Mer du Nord [entre Boulogne-sur-Mer et Calais] et également situé à proximité immédiate du Cap-Gris-Nez point du littoral français le plus proche de l’Angleterre. C’est à Audresselles et dans ses environs que le cinéaste Bruno Dumont a réalisé le tournage de la mini-série en quatre épisodes de Petit Quinquin diffusée sur la chaine de télévision Arte les 18 et 25 septembre 2014.
 
Gayant : Géant portecteur porté qui symbolise la ville de Douai (département du Nord de la France). Entouré de sa femme, Marie Cagenon, et de leurs trois enfants, Jacquot, Fillon et Binbin, il parcourt la ville chaque année pendant trois jours à l'occasion des fêtes de Gayant, début juillet. Le Grand Cortège du dimanche après-midi est le point culminant de ces journées, après l'arrivée, le matin, de la famille Gayant au grand complet dans la cour de l'Hôtel de Ville de Douai, au pied du beffroi. 
 

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