Chant vingt-quatre – Ne me parlez plus des chti’gnols des hauts de France !
La Marie-Grouette est encore bien
Jeune pourtant elle a déjà revêtu
Le masque et le déguisement de
La modernité. Au coin de lèvres,
Dans un rictus satanique, elle fume
Le mégot de sa vie écartelée.
Les oursons, les poupées et les
Peluches s’entassent sur la chaise
De bois (vide) au milieu du
Jardin – inexorable et terrible absence – ANGELE.
De l’abbaye détruite par trop
De certitudes, il ne demeure que
La Tour – ABBATIALE – qui s’élance
Par-dessus les arbres d’ici
Comme une fusée statique, engorgée, enceinte
Des saisons passées, présentes et unies…
Jusqu’à la fin des fins…
Au moins dans quelques soucieuses, fidèles
Et humaines mémoires. Sur la place
Parfois la ducasse – où sont nos
Ducasses d’antan ? – puis la mort
En dents, en bouche un CRI
Muet et douloureux, un cheval de
Bois emporte l’enfant par-delà
La tristesse de nos temps ; l’
Autre cheval de bois à leurs côtés,
À leur gauche, à l’air
Vraiment trop idiot, saoul ? Peut-être
Bien qu’il s’enivre afin
De tenter d’échapper de
Son emprisonnement mais c’est une
Autre histoire… Dans une p’tite église
Galloise de pierres grises, on enterre
Quelqu’un ou quelque(s) chose(s)… des
Odeurs et des marques sur une
Peau de vie… des années de
Rudes labeurs d’homme… puis sur
Une plage des côtes de la
Mer du Nord… - AUDRESSELLES - …je cherche,
Tente de retrouver, l’image de
Ma grand-mère… – MADELEINE - …et de
Mon grand-père… - THEO - ; CELA au
Final n’est pas triste alors
Que je longe la mer qui
N’est pas encore tout à
Fait à marée haute. Plus tard
Je me retrouve dégueulant / dégueuloir, penché,
Agenouillé au bord de la cuvette
D’un w.c, dans une exécrable lumière
Artificielle, spasmodiant une surprenante prière… « Ne
Me parlez plus jamais des Chti’gnols ! » …
Un troupeau d’agneaux et de
Brebis venu d’une oubliées et
Froide lande galloise traverse en silence
La matière grise de mon cerveau…
Maintenant, voilà, décapitée et rôtie
La dinde des jours de fêtes
Prête à être découpée et engloutie
Par vos féroces désirs
de viande.
Je déteste ces appétits ; je préfère
La vieille machine agricole rouillée au
Fond de la grande cour d’
Une ferme qui témoigne de
L’homme Gayant qui commençait son ouvrage
Quotidien dans les p’tits matins… puis
Que les neiges reviennent tout recouvrir
Et le gel… que le gel
Brûle… tout… purifié… alors que bandant
Je vous regarde encore bien déterminé.
En vers arithmonymes de 6
Notes :
La Marie-Grouette : C’est une sorcière des eaux et des marais dans le Nord de la France. Elle est un exemple de croque-mitaine, personnage maléfique présenté aux enfants pour leur faire peur afin de marquer les interdits vis-à-vis de moments ou de lieux considérés comme dangereux.
Chti’noules : Mot inventé par l’auteur à partir de Ch’ti mi [qui en picard sert pour désigner de manière populaire les habitants du Nord/Pas-de-Calais] et de Capenoules [nom d’un groupe qui interprétaient des chansons en ch’it mi paillardes, grivoises et populistes fortement apprécier par les habitants du Nord/Pas-de-Calais mais qui a largement contribué à développer une image dégradante des petites gens du peuple de cette région.
La Tour Abbatiale : L’auteur fait ici référence à La Tour Abbatiale de Saint Amand-les-Eaux, à laquelle il est puissamment attaché. Cette tour abbatiale est un vestige remarquable de ce qu’il reste d’une abbaye qui fut fondée dès le siècle 7 par le Roi de France Dagobert 1er. La magnifique abbaye fût presque entièrement détruite à la révolution française mais La Tour Abbatiale a été épargnée. C’est aussi l’endroit où a été découvert en 1887 La Séquence [ou Cantilène] de Sainte Eulalie] composée vers 880, qui a longtemps été considéré comme le premier texte littéraire écrit dans une langue romane différenciée du latin et donc on peut dire que c’est du proto-picard.
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