Chant vingt huitième – Le blues de Fès où le bas troué d’un message.
Au souk des cieux, elle danse sur le blues de Fès. Elle chante : Je suis l’absente en pointillé. Celle qui au bout du bout du chemin ne désire pas demeurer dans les odeurs de la toilette finale.
Ffarwel I Bwthyn Fy Nain !
Priez pour eux ! Voyez le bas collant trouée de ce message qui donne à se coiffer d’un vent juif qu’invente à souffler John Zorn pour la ronde innocente des enfants nus d’Henry Josep Darger, jr. Silence – blanc -. Je m’en retourne aux alizés d’Orient. Ils m’interpellent de par les voix d’Aziza, Ali, Ahmed, Jalal et surtout Asrhaf. Ils me réconfortent à la paix fraternelle des justes en l’au-delà de Khurbn.
Aucune tête pensante armée ne m’apprivoise. CELA serait contre le rire en étincelle de Louve Bleue-NUIT. Elle annonce : Je suis d’aucune apparence ! Je l’accueille de la sorte en le paysage de son visage. Je me déborde dans l’effacement, je m’efface dans débordement… Pour qui chantes-tu, Homme invisible ?
Deux diamants, dans l’histoire d’une amoureuse tendresse, ne sont plus que virtuels. Par l’au-delà des xylophoniques résonnances des résonnances des vieilles langues de la robe de l’Europe, ils ferment à l’unisson le clapé à Hollywood.
Le saxophone remonte la colonne vertébrale cuivré de la nuit, je me souviens très bien. C’est CELA ! Tu m’as compris ? Le temps, aujourd’hui, serait inscrit aux feuillages des saules pleureurs ? …Tous ces moments peut-être dont NOUS parlons aujourd’hui… Pour NOUS, il n’y a rien à partager sauf le passé. Tous ces moments perdus qui ne reviendront jamais… jamais… JAMAIS**.
Mais je ne chante pas pour Europe, ni Hollywood, ni ce temps d’aujourd’hui inscrit aux feuillages des saules pleureurs… Mon blues est celui de l’Homme devenu Invisible à tous les jeux de je. Mère des pleurs, ma religion est Musique, son hôtel nos carcasses.
Ô ! Croyez-moi Sainte Mère des pleurs. J’écris sur la frise frileuse d’un piano édenté. Rien de plus, rien de moins.
Homme Invisible, pour qui chantes-tu ?
Flarwel I Bwthyn Fy Nain !
*Au revoir la ferme de ma grand-mère !
** Extrait de Song for Europe. Chanson de Roxy Music du second album : Stranded – 1973-
Notes :
Fés : Ou Fez, ville au centre du Maroc, située à 180kms à l’est de Rabat et entre le Rif et le moyen Atlas. Elle est considérée de nos jours comme la capitale spirituelle du Maroc.
John Zorn : Artiste d’avant-garde né en 1953 à New York ; saxophoniste alto, clarinettiste, producteur et compositeur américain. La densité de l’œuvre de John Zorn emprunte à tous les styles de musiques les remettant en question et repoussant leurs frontières pour créer un univers propre à cela artiste.
Henry Joeph Darger : Henry Joseph Darger, jr. [1862 – 1973] est un écrivain et peintre américain, assimilé à l’art brut. Son œuvre est composé tout au long de sa vie de solitude extrême. C’est un récit épique illustré de 15143 pages : The Story of the Visions Girls, in what is known as the Realms of the Unreal of the Glandeco-Angelinnian War Storm, Caused by the Child Slave Rebellion. Henry Joseph Darger y conte la violente guerre entre les Angéliques et les Homonaux. Plus de 300 compositions (aquarelles, dessins, collages) accompagnent le récit et le complètent donnant naissance à une œuvre graphique unique et originale.
Asrhaf : Prénom en arabe qui se réfère à quelqu’un qui est un descendant direct de Muhammad par l’intermédiaire de sa fille Fatimah.
Khurbn : Signifie holocauste en yiddish-hébreu. C’est également le titre de l’ouvrage remarquable de Poésie de Jerome Rothenberg paru en 1999 sous le titre original : Khurhn and other poems, A New Directions Book, New-York, 1989 et au Editions Caractères, pour la traduction française, Khurbn, septembre 2014.
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