dimanche 22 novembre 2020

Chant 4 - IWERRYDD BÈRLACHE / HURLEE D'IWERRYDD à Mélanie Bonte alias Lucie Cavalière.

    
- Photo : Mary d'Oostende.


 
Les Nouveaux Chants du Mabinogi
 de Christian-Edziré Déquesnes  
PREMIERE SAISON
parue en feuilleton dans les numéros 32 à 39 de la revue Le Jardin ouvrier, mars 2002 à décembre 2003 et par la suite presque tous les poémes repris dans l'anthologie parue, en 2008, chez Flammarion Le Jardin ouvrier 1995-2003 d'Ivar Ch'Vavar & camarades.
PREMIERE SAISON
parue en feuilleton dans les numéros 32 à 39 de la revue
Le Jardin ouvrier, mars 2002 à décembre 200      
                                                                             
Je tiens à m’expliquer sur l’ensemble des notes à la suite des Chants. Elles viennent directement en « illustrations », nous dirons complèmentaires, du Chant 27 qui s’adressent aux Khonorins mais aussi elles valent pour tout l’ouvrage. Moi-même, je suis, un Khonorins et j’ai beaucoup découvert, appris en composant ce livre. Nous sommes tous des Khonorins car nul ne peut prétendre tout connaître mais ce n’est pas grave si humblement nous savons le reconnaître. Par contre il est particulièrement fâcheux si à l’inverse on adopte la posture de celle ou celui qui saurait tout et qu’il n’y aurait plus rien à apprendre... Pourtant des cas de figures de ce type, dans tous les domaines, nous en croisons de plus en plus souvent.
Certains à la lecture de certaines notes penserons qu’il y a moquerie, loin de moi cette idée car il s’agit juste, avec humour parfois je le reconnais, d’offrir de permettre à certains lecteurs une seconde lecture de ce livre ou juste de certains passages, à eux d’en décider.
 
 
4.
 
Iwerrydd berlàche / Hurlèe d'Iwerrydd.

Iwerrydd, mourir en bouche ; tu es avancée, fragile Iwerrydd ! Mourir en bouche.
Iwerrydd, au creux profond de ta gorge maternelle verser des soleils acajou.
Pour éteindre la stridence du cri muet de l'angélique embryon fécondé
Des graines sacrées de Blodeuwedd l'infidèle, par Gwawl, l'authentique charogne.
Jolie Iwerrydd, j'ai dans le ventre une église qui s'effrite,
Rongée de poussières de cimenterie. Et mangés, de même, les poumons condamnés
À filter la ciguë de notre bourgade qui ne pipe mot
- peu pèse le tribut de vie tant que perdure l'emploi poison.
Caressante Iwerrydd, j'ai aussi dans le ventre une vieille langue pourrissante
Et en gorge un cri de Bleiz. Et par la bouche... Aaaargh !
Àcoute bin ! L'mëneu dech carabanc i avot brainmint kér el rad'tè.
Abile toudi, abile abile i dévalot abile. Din chés bassures rade rade !
Toudi fèle é-pi din ch'bérlache ostrènme vlaù ll'ahure feinale. Aaaargh !
L'bérlache edpu eque j'aù ké.u din l'monne. Ech Bèrlache 
Conme in clo cron. Din min gaziot i joke mie toudi parèl
Ch'bérlache qu'in n'sèt nin détonbir pi i toerne, bérlache,
Chaù toerne é-pi chaù s'àtoerne eddin, ch'bérlache innzou l'pio
- Ouèche eque chés jins qu'i sè'te toute, i n'veul'te pon
Ell intinde, ech bérlache. Pinséz ! Core toudi l'bérlache i toerne, i
Toerne - 'idju ! - réconparape à énne épiule, aguile, qu'ale toerne, toerne-toerne
Din mn'eul d-ou qu'ale s'intike cor in d'àrtoernaint
Sur li-mènme por èle s'infiké din m'cacoigne ed labeu.
Chaù foét d'm, l'bèrlache-laù, ch't'énne rude angouche.
Ch'ét ll'éxistibche, ichi in baù, qué dalache, ch'é-t insin.

Filacar dérachant l'pio, fu qu'in n'sèt nin l'éwanté,
Qui broule ! ch'ét incrinké din m't:ète machukée,
Pi i m'vinkira. Répiyeu qu'i rakeur bérlache por et'dir' :
"Ch'ét pon pace eque te sake su l'keue dech sorét
Eque ti t'aira du caviar. Ch'ét pon nin-pu pace eque
Te t'acate ènne rikinpète d'épeut'nal eque ti tz t'sintira
Fin bénache à l'f:ète-gardinière à no përzidint" pi àcoute, te peu
Résséyé d'canjé to't d'ti, ech bérlache i n'canjra mie.

Aaaargh ! Renaître. Tu es sacrée, ô Iwerrydd ! Renaître en ta bouche sacrifiée.
Iwerrydd divine - au secret de ton corridor tabou parachuter le saint miel.
Dans la sagace stridence de l'étreinte pénétrante du bienveillant Hu Kadarn,
Effacer de nos cœurs l'empreinte de Diafwf, l'authentique charogne fécondée.


En vers arithmonymes de douze.


Traduction de la partie en picard : Ecoute bien ! Le conducteur du char à bancs (en fait, c'est un autocar) aimait bravement la vitesse. / Vite, toujours plus vite, vite il dévalait. Dans les fonds, promptement ! / Toujours dare-dare et dans l'extrême hurlement, voilà l'infortune finale. Aaaaargh ! / lre cri tel que depuis je suis tombé dans le monde. Le cri / Comme un clou tordu. Dans mon gosier jamais identique il ne reste / Le cri qu'on ne peut desserrer et il tourne, cri, / Cela tourne et ça se retourne en soi, ce cri sous la peau / Là où ceux qui savent tout ne veulent pas / L'entendre, le cri, dites voir ! Encore, toujours tourne le cri, il / Tourne - crédieu ! - pareil à l'épingle, l'aiguille, qui tourne, et tourne-tourne / Dans mon œil où elle se fiche encore en se retournant / Sur elle-même pour s'enfoncer dans ma cervelle de pauvre hère. / Il fait souffrir, ce cri, oui, quelle douleur atroce./ Mais c'est ainsi, l'existence ici-bas est telle. / Barbelé déchirant la chair, feu auquel on ne peut échapper, / Et qui brûle ! c'est le cri embranché dans ma tête meurtrie, / Et il me vaincra. C'est rugueux que r'accourt le cri pour te dire : / "ça n'est pas parce que tu tires sur la queue du hareng-saur / Que tu auras du caviar. Ce n'est pas parce que tu achètes une redingote d'épouvantail que tu te sentiras / Béat d'aise à la garden-party du président" et écoute, tu peux bien / Essayer de changer tout de toi, le cri, lui, ne changera pas.



- Photo : Mary d'Oostend.

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