lundi 7 décembre 2020

Chant 13. Lu dans le regard de l'indien Wishram, à Jeffrey Lee Pierce.


Les Nouveaux Chants du Mabinogi
- Seconde saison -
 de Christian-Edziré Déquesnes  
                                                                             
Je tiens à m’expliquer sur l’ensemble des notes à la suite des Chants. Elles viennent directement en « illustrations », nous dirons complèmentaires, du Chant 27 qui s’adressent aux Khonorins mais aussi elles valent pour tout l’ouvrage. Moi-même, je suis, un Khonorins et j’ai beaucoup découvert, appris en composant ce livre. Nous sommes tous des Khonorins car nul ne peut prétendre tout connaître mais ce n’est pas grave si humblement nous savons le reconnaître. Par contre il est particulièrement fâcheux si à l’inverse on adopte la posture de celle ou celui qui saurait tout et qu’il n’y aurait plus rien à apprendre... Pourtant des cas de figures de ce type, dans tous les domaines, nous en croisons de plus en plus souvent.
Certains à la lecture de certaines notes penserons qu’il y a moquerie, loin de moi cette idée car il s’agit juste, avec humour parfois je le reconnais, d’offrir de permettre à certains lecteurs une seconde lecture de ce livre ou juste de certains passages, à eux d’en décider.
 
 

Chant treizièmeLu dans le regard de l’indien Wishram.

 À Jeffrey Lee Pierce.

1.

Tu as assassiné le facteur ! J’ai dans la bouche

Le goût d’une eau marine. Elle dépose des algues

Qui me parlent de toi, du troupeau des créatures,

Ces bisons blancs de novembre. Ils chevauchent l’écume crémeuse

Des vagues grises en Mer du Nord. Dans ma mémoire,

Dans mes nuits, aboient des chevaux guerriers que tu dresses.

Je perçois : plaintes de bêtes que l’on mutile. Minuit crétin,

J’attends pour entendre le son de ta voix enfouie,

Aux creux de mes oreilles, pareille à la jeune abeille

Heureuse qui tourbillonne au-dessus de la mêlée des habitudes.

Ton absence dessine une balafre au fond de ma gorge.                                 

Tu renies et enterre le Myrddin ! Sur une pierre blanche

D’un puit oublié, un petit sansonnet lisse ses plumes,

Il se souvient de nos soleils-Amérike, De nos nuits perlées

D’étoiles-opéras-baroke. Près de l’étang une indienne

Baisait alors le guerrier comme on libère un peuple enchaîné.

Truies fascistes que notre terre s’arrache de vos racines.

Les arbres vous quitteront. Les mouettes hurlantes désespérées prient à 

Se faire gober par-delà la lumière de la lune.

Des étoiles de tendresses percent ma peau de solitude septentrionale

De leurs petites dents lumineuses. C’est la tendre morsure

Qui me pince le creux de l’âme, Janie Jones hurle ;

Tu as enseveli le Wishram ! Le gracieux indien Chinnok – SHIT ! -

J’avale la piste. J’introduis mon doigt, en dedans.

Entre mes épaules fanées, des coquelicots funestes décochent leurs flêches

Parfumées mais empoisonnées du souffle de ta gorge. Sans larmes 

Je m'agenouille, souillure, que l'on me tranche membres

Et tête, si je ne peux plus de moi coucher,

Le meilleur, sur toi... tout à l'intérieur. Puis le vertige.

                                                                                                                                                  

2.

Mort, faites taire mes regrets. Ne faites pas de moi

Un « poète maudit ». Scotchez au sapin vos plus jolis souvenirs

Pissez,… de joie pour moi, …des guirlandes de bières belges.

Allumez, les cierges de vos regards – cette sainteté – quand unis

Nous étions innocents, joyeux, tendres. Going Back Black White Song !

Dessus l’étagère de mon bureau, une ancienne carte postale

Avec le regard profond, triste de l’indien Wishram, l’indien Chinnock

Des confins Washington-Oregon. Love Supreme, je chante avec lui

La danse du secret des loups et autres pauvres crétins.

Le regard triste du Wishram bienveillants me dévoile nos tourments.

Tes baisers rouges tournent incandescents autour de mon âme désertés.  

                                                                                             

Dans le puit vide de nos chairs, le Wishram pleure.

 

en vers arithmonymes de 10

Notes :

Wishram : Nom d’une tribu amérindienne d’indiens dont on peut dire qu’elle a quasiment disparu.

Jeffrey Lee Pierce : Chanteur, guitariste et compositeur, Jeffrey Lee Pierce est un musicien américain né en juin 1958 et décédé, suite à une hémorragie cérébrale, en mars 1996. Il est surtout connu pour avoir été la figure de proue charismatique du groupe The Gun Club qui a développé une vision hypnotique de l’histoire musicale des Etats-Unis mêlant rythmes vaudous, sauvagerie punk, esthétique parfois country, à un style fondamentalement blues.  Ni The Gun Club, ni Jeffrey Lee Pierce en solitaire n’ont atteint un succès commercial significatif pourtant le leader de The Gun Club a toujours été salué par la critique et reconnu comme l’une des personnalités « rock » des plus influente de son époque, impressionnante aussi… et peut-être encore plus aujourd’hui.

Chinnocks : Les Chinnooks étaient une tribu amérindienne vivant dans le nord-ouest des états unis. Sa langue était le chinnokan (maintenant une langue morte). 

Shit ! : Signifie une injure dont l’équivalent en français est le célèbre mot du Général Cambronne

Going Back Black White Song ? : Signifie en anglais quelque chose comme : arrive le retour noir de la chanson blanche.

Love Supreme : A Love Supreme est un album-concept de John Coltrane enregistré en 1964. Il est considéré comme un album majeur du jazz et dans la Musique du siècle 20.

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